L’histoire des fiches
Je viens de terminer la lecture de ce livre (qu’on peut lire gratuitement en ligne) qui raconte l’histoires des fiches utilisées pour les recherche ou les bibliothèques.
En parallèle de l’histoire de “l’objet” fiche, le texte traite de leurs usages. Si les fiches peuvent servir d’aide-mémoire pour retrouver quelque chose, elles peuvent aussi servir de manière plus active.
La productivité par les fiches
Des personnes comme Niklas Luhmann ont ainsi définit des méthodes pour construire du contenu en s’appuyant sur les notes.
Le livre présente ainsi plusieurs exemples d’organisation des notes visant à simplifier le travail de création.
L’idée fondamentale étant qu’en prenant assez de notes et de la bonne manière, et en trouvant la bonne manière de trier ou d’organiser ses notes, le difficile et indéterminé travail d’élaboration disparaît : il suffirait alors de rédiger le cheminement d’une note à l’autre pour que la thèse, l’article ou le livre apparaisse.
Certaines personnes sont ainsi dévorées par leur obsession d’accumuler assez de fiches ou de trouver le bon système au point de délaisser complètement leur objectif initial d’écriture.
L’informatique et les fiches
L’informatique et les fiches ont des liens très forts : grâce aux nombreux outils disponibles pour remplacer les fiches bristol, mais aussi par l’obsession d’une partie des personnes du milieu du développement pour les fiches.
Pour animer un lieu d’échange entre personnes qui développent, rien de mieux que de demander « _quels outils utilisez-vous pour prendre des notes ? ».
Cela va des fiches cartonnées, aux logiciels classiques comme org mode qui demandent parfois un investissement en temps substantiel, jusqu’aux personnes qui ont poussé leur cheminement jusqu’à créer leur propre outil.
L’idée sous-tendant cette posture étant toujours la même : la capacité du bon outil à démultiplier la puissance des fiches pour la création, pour ne plus avoir à affronter l’effort et l’inconnu.
Je parle en connaissance de cause car cela a été mon cas à une certaine époque.
La productivité
Chez les développeurs et les développeuses cette obsession de la productivité par les outils ne se limite généralement pas aux fiches mais a tendance à s’appliquer à tous les logiciels.
Avec le bon framework/langage/OS, je travaillerais deux fois plus vite est une marotte assez commune.
Avec le bon dispositif, plus besoin de se répéter, plus besoin d’effort inutiles, plus de bugs : tout serait rapide et sans effort.
Si au travail il faut bien produire, pour leurs projets personnels de nombreuses personnes dépensent plus d’énergie à essayer de trouver le bon outil leur permettant d’être efficace plutôt qu’à construire, où à concentrer plus d’effort à construire l’outil plutôt que la chose dont les personnes avaient initialement besoins.
Quitte à travailler sur du meta, il vaut mieux investir du temps à apprendre à mieux utiliser ou à améliorer ce qui est à votre disposition.
Des années plus tard il en restera de grands plans, mais parfois bien peu de résultats utiles.
Pour conclure
La recherche du bon outil est une forme d’évasion.
Pour des personnes dont le travail est de créer des logiciels, rêver à un outil permettant de construire plus efficacement d’autres outils est bien plus agréable de se livrer au travail de création lui-même.
Essayer d’être productif est louable, mais il ne faut pas se perdre dans des illusions.