J’ai lu un article intéressant sur la manière d’enseigner les design patterns.
C’est vrai qu’ils peuvent parfois être mal utilisés, mais ce n’est pas ce que les auteurs du livre original avaient en tête, si les gens lisaient ce qui était écrit dans le livre ça n’arriverait pas !
Sur mon projet on essaie d’être agile mais on nous met la pression pour arrêter d’écrire des tests automatisés…
Non mais c’est simplement que ce projet n’est pas agile, si le projet avait appliqué l’agile tel que les auteur·e·s du manifeste l’imaginaient ça ne serait pas arrivé !
Si on veut que des pratiques progressent, il faut examiner les problèmes qui se posent quand elles sont mises en œuvre et essayer de les résoudre.
Savoir quels modèles que leurs auteur·e·s avaient en tête lorsque ces pratiques ont été inventées, ou connaître la manière dont les auteur·e·s veulent qu’on interprète leur texte peut être intéressant pour trouver des idées, mais j’ai l’impression qu’on parle surtout de cela pour éviter de s’occuper des problèmes qui se posent.
Le fait de citer des noms prestigieux est alors un sérieux frein à se coltiner des problèmes pratico-pratiques.
Oui mais en fait ce que Martin Fowler veut dire, c’est que…
En analyse littéraire, l’auteur·e d’une publication a longtemps été vu comme la personne légitime à décider du sens à lui donner. Il était bien permis d’écrire des analyses différentes, mais la seule vraie interprétation d’un texte était celle de son auteur·e.
Et en 1967, Roland Barthes a publié un article appelé “La mort de l’auteur”, où il proposait de descendre l’auteur·e de son piédestal. Pour Barthes la lecture ne devait pas être un déchiffrement de la vision de l’auteur·e mais une appropriation, et à ce titre il était naturel de légitimer l’interprétation de la personne qui lit le texte. Publier un texte, c’est donc perdre l’autorité qu’on a sur lui.
En informatique, je pense qu’il est temps de faire de même.
Ainsi, pour faire avancer l’agile, il faudra bien que les auteurs (sans ·e·) du manifeste meurent métaphoriquement pour qu’on arrête de les traiter comme des dieux ayant produit un texte sacré. D’autant que même eux ne sont pas d’accord entre eux sur le sens à donner à leur texte.
Il en est de même pour les design patterns ou le logiciel libre.
Certes l’informatique est un univers plutôt jeune, et nous ne sommes pas prisonnier·ère•s de l’interprétation de personnes mortes depuis des siècles comme cela a pu être le cas en littérature.
Mais peut-être qu’il n’est pas nécessaire d’attendre aussi longtemps pour s’émanciper.