Le management visuel peut être très utile dans une équipe, mais il suppose, pour bien fonctionner, de la bienveillance et de connaître le contexte.
Le management visuel fonctionne comme un panoptique qui rend immédiatement visible ce que fait chacun dans l’équipe. Dans une équipe bienveillante, il permet de s’organiser de manière souple et dynamique. Mal utilisé c’est le parfait outil de flicage et de micro-management, du moins jusqu’à ce que l’équipe s’en aperçoive et commence à dissimuler son activité réelle.
Pour le besoin de contexte, imaginons que votre kanban indique qu’il y a X éléments dans la colonne “à tester”. Des indicateurs peuvent donner des informations, par exemple qu’il y a plus de post-its que d’emplacements prévus. Mais seul le contexte vous permet de savoir si c’est un problème ou pas, et s’il faut faire quelque chose ou pas : est ce qu’on a un problème de test, ou est ce que le testeur a pris sa journée hier et qu’on a décidé entre nous qu’on préférait attendre son retour tant que les tests ne montaient pas trop haut ?
Les petites équipes collocalisées sont les plus propices pour atteindre cet état car elles facilitent la confiance et le partage de contexte.
Dans le cas d’un projet agile dans une grande entreprise, les personnes à l’extérieur du projet ne répondront pas à ces conditions :
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ils n’ont bien évidement pas le contexte
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leur attitude peut ne pas être bienveillante (culture du blâme, vision négative de l’agile, jalousie contre le projet agile…)
En l’absence de contexte, lorsqu’une personne passe devant le tableau et qu’elle remarque un post-it qui l’intéresse, elle va avoir tendance à poser des questions mal informées. Par exemple “pourquoi est ce que votre tableau est comme ça alors que j’ai lu des articles qui conseillaient de faire autrement ?” Cela peut fournir de bonnes occasions d’expliquer les méthodes appliquées sur le projet, mais consomme du temps et d’énergie.
L’absence de bienveillance va donner des questions fermées, voire des accusations. L’exemple typique est “pourquoi mon post-it n’avance pas alors que celui d’à côté est terminé ?”. Ici aussi la pédagogie peut faire des merveilles, mais face à des questions récurrentes, ou une hostilité répétées (quand par exemple les demandes de la personne ne sont pas prioritaires pour le projet mais qu’elle ne l’accepte pas), les meilleurs volontés s’épuisent.
Le pire étant les questions et remarques autour de la vélocité : un graphique d’avancement montrant du retard par rapport à l’objectif est la cible rêvée pour se moquer de l’agile et/ou de l’équipe.
Après avoir vécu ces situations sur différents projets je me suis rappelé que le management visuel était avant tout destiné à l’équipe. Qu’il peut permette à d’autres personnes de s’informer, ou fournisse des occasions de parler d’agile, c’est une bonne chose, mais ça n’est pas le but principal. Par conséquent, si le fait qu’il soit visible pour d’autres nuit à l’équipe, il est parfaitement acceptable, de le masquer et de le garder pour vous.